Qui n’a pas consommé de chocolat lorsqu’il était enfant puis adulte ? Nous sommes peu à se passer de ce produit divin et frénétique né en Amérique centrale à l’origine des civilisations. Encré dans notre culture culinaire, il est l’objet de toutes nos gourmandises.
Des origines à l’expansion
En 1502, lors d’une escale au Nicaragua, Christophe Colomb aperçoit des fèves de cacao sans y prêter plus d’importance. La révélation viendra par Hernan Cortés qui après avoir dégusté une boisson « chocolatée » au côté de l’empereur Aztèque Moctezuma en 1519, présente le cacao à la cour d’Espagne en 1528. Le roi d’Espagne raffole de cette nouvelle boisson sirupeuse et mousseuse.
Les espagnols envahissent alors les tribus indigènes d’Amérique. Après avoir gagné la guerre et anéanti la civilisation aztèque, l’intensification de la culture du
cacao sur les terres conquises est entreprise. C’est déjà le début de la modification d’espaces de la forêt amazonienne en terre
agricoles. La Nouvelle Espagne va ensuite en exercer un commerce très lucratif sur le continent européen.
Dès le XVIIe siècle, le chocolat devient une source de plaisir alimentaire dans l’aristocratie. Il est également très apprécié par le clergé
espagnol. Il est à l’époque un luxe réservé aux élites. Son succès s’étend dans les autres colonies espagnoles comme les Flandres et les Pays-Bas.
C’est en 1615, que la France découvre le chocolat dans la ville de Bayonne à l’occasion du mariage entre l’infante espagnole Anne d’Autriche et le Roi Louis XIII. Elle a consenti
à ce mariage à la condition d’emporter avec elle du chocolat, préparé par ses caméristes maîtrisaient la recette de ce breuvage.
Pause anecdotique
Avant de continuer le parcours historique du chocolat, faisons une pause avec quelques anecdotes :
- On trouve essentiellement du chocolat à la cour du roi mais aussi chez les apothicaires (pharmaciens), car il est considéré comme un produit pharmaceutique équivalent à notre paracétamol. Il calme les petits « bobos » !
- C’est en 1674 que la première « Maison du chocolat » ouvre ses portes à Londres. Avec elle, apparaissent Les premières pastilles de chocolat destinées aux chocolatiers pour leurs préparations.
- En 1992, de l’essence de chocolat entre pour la première fois dans la composition d’un célèbre parfum. Il s’agit d’Angel de Thierry Mugler.
- Une chanson française humoristique est dédiée au chocolat : c’est « La Femme Chocolat » d’Olivia Ruiz sortie en 2008.
Contrairement à ce que dit la chanson, le chocolat ne fait pas grossir, encore faut-il ne manger que du chocolat noir pauvre en sucres !
C’est Louis XIV et son épouse Marie-Thérèse d’Autriche qui introduisent le chocolat dans les habitudes en le faisant entrer à la cour du château de Versailles. Le Roi accorde au Sieur David Chaliou l'autorisation d'importer les matières premières nécessaires à l’élaboration du chocolat. Il est alors consommé sous forme de boisson chaude et réservé aux seules élites. La fabrication et la vente du chocolat étaient un privilège accordé par le roi. En 1693, le privilège est aboli. C’est la vulgarisation et la fabrication du chocolat se développe.
En 1778, le français François Doret invente la première machine hydraulique à broyer le cacao. Ce n’est cependant qu’en 1814 que l’industrie à
grande échelle verra le jour avec La première fabrique de France fondée par le chocolatier Jules Pares dans les Pyrénées-Orientales. Cette première usine portera
plus tard le célèbre nom Cémoi.
L'industrialisation
En 1819, l’industrie chocolatière se perfectionne. Une importante usine de Chocolat à vapeur est construite par Pelletier à Paris. Dès lors, l'industrialisation
du chocolat ne cessera plus de se développer. Les plantations de cacaoyer fleurissent un peu partout dans le monde, notamment à Sao Tomé.
L'anglais Cadbury produit et commercialise en 1821 le premier chocolat noir à croquer en tablette. 1825, Menier s'installe Noisel. Son usine est aujourd'hui
classée au Patrimoine des Monuments Historiques. Le chocolat au lait est inventé en 1875 à Vevey en Suisse par Daniel Peter, un homme d’affaires vaudois.
À la fin du XIX siècle, le premier bonbon au chocolat apparaît : l’intérieur, composé de fondant, était façonné à la main. Il en résultait une bille sur laquelle était coulé un
enrobage de chocolat. Une virgule décorative était ensuite dessinée sur le dessus à l'index. Le XIXème siècle marquera à tout jamais notre société d’une empreinte chocolatée.
C’est Nestlé qui inventera en 1930 en Suisse le chocolat blanc.
Trois pays européens sont particulièrement renommés pour leurs chocolats :
- La Suisse pour ses chocolats au lait et ses chocolats noirs
- La Belgique pour ses chocolats noirs et ses pralines
- La France pour ses chocolats noirs
D’autres pays émergents dans la fabrication du chocolat se forgent une réputation :
- Le Japon depuis 1950 plutôt spécialisé dans les produits de luxe avec Madame Setsuko (Mary Chocolate Co)
- La Russie depuis 1966 pour les produits de consommation courante avec la maison Ayonka, et plus récemment les préparations de luxe
L’histoire tourmentée des origines du chocolat est bien loin aujourd’hui, oubliée, ignorée de tous. La source ancestrale de nos gourmandises, que l’on appelait « l’or brun », c’est démocratisée n’abandonnant pas pour autant son côté luxe. Sous différentes formes et couleurs, Il se boit, se croque et se déguste. Souvent synonyme de raffinement, le chocolat s’invite aux grandes tables dont celles des chefs Jacques Bockel ou Christophe Michalak. Le chocolat suscite toujours autant de convoitises, mais jusqu'à quand ? En effet, la demande mondiale augmentant, la pression se fait toujours plus forte sur les producteurs. Pour l'instant, nous sommes encore loin du manque. Nous pouvons donc nous régaler encore quelques temps. Laissons-nous emporter dans la spirale gourmande.
Pour conclure, voici une citation à prendre au deuxième degré bien sûr :
« Neuf personnes sur dix aiment le chocolat ; la dixième ment. » – John G. Tullius
Régalez-vous bien !
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