Olivier Houriez est enseignant et auteur dans le Nord de la France. Il se passionne pour le cinéma et la musique tous styles confondus. L’écriture ainsi que l’analyse des œuvres de nos artistes n’ont aucun secret pour lui. Olivier a su réaliser son rêve d’adolescence : devenir biographe. Fan de Mylène Farmer, il a écrit deux livres sur la popstar française. Ses ouvrages sont les fruits d’un très long travail de recherche. Les informations collectées sont appuyées par des témoignages. Interview !
Stéphane Pichet : Bonjour Olivier, peux-tu te présenter brièvement ?
Olivier Houriez : J’ai 46 ans. J’habite près de Lille. Je suis enseignant.
Un trait de personnalité en particulier ?
Je suis passionné de musiques. J’aime vraiment ça !
Tu es écrivain/auteur, passionné de musique(s) et fan de Mylène Farmer. Nous reviendrons évidemment sur ta passion pour la popstar. Quelles sont tes autres influences ?
La liste des artistes que j’écoute et apprécie est beaucoup trop longue. C’est très varié en tout cas.
Quelques exemples : Depeche Mode, U2, Madonna, Muse, Coldplay, Massive Attack, David Bowie, Prince. Du côté de chez nous, Jean-Jacques Goldman, Indochine, Etienne Daho, Alain Souchon, Serge Gainsbourg. C’est une liste non exhaustive.
J'ai toujours aimé écrire. Le rêve est devenu réalité… trente ans plus tard
Écris-tu depuis longtemps ?
J’ai toujours aimé écrire. Adolescent, j’avais cette envie secrète d’écrire des biographies musicales sur les artistes que j’aimais. Le rêve est devenu réalité…trente ans plus tard. Cela peut sembler très long mais je crois que l’essentiel est d’y parvenir.
Mylène Farmer, un talent confirmé depuis plus de 35 ans, une carrière hors normes, une fidélité tout aussi exceptionnelle de la part de son public. Comment interprètes-tu cette fascination ?
Je ne sais pas si « fascination » est le mot qui convient le mieux pour résumer cette longue histoire entre le public et Mylène. Je pense que c’est plutôt une réelle affection.
Mylène Farmer est une artiste unique tant par l’originalité de son univers de mots, de musiques et d’images que par sa personnalité hors du commun. Ce mélange de force et de fragilité fascine, c’est certain. Elle vogue de succès en succès depuis plus de trente ans en restant fidèle à elle-même, c’est-à-dire, terriblement discrète. C’est une artiste très populaire, qui ne triche pas avec son public et qui est la vraie « patronne » de la chanson française aujourd’hui.
On ne peut parler de Mylène Farmer sans évoquer Laurent Boutonnat. Il est le compositeur qui a découvert avec son ami Feu Jérôme Dahan le potentiel de la chanteuse. Celle-ci donne pourtant leur chance à d’autres musiciens, dont le jeune Léon Deutchmann. Que penses-tu de ces changements ?
C’est vrai que depuis un peu plus de 10 ans, les collaborations avec d’autres musiciens sont l’essentiel des projets de Mylène. Ce sont les fruits de rencontres artistiques et humaines et la preuve d’un état d’esprit tourné vers les autres. Néanmoins, avec des artistes comme Feder, Moby ou le groupe Archive, on ne peut pas dire qu’on soit en territoire totalement inconnu. On y retrouve une certaine noirceur, un climat mélancolique. Tu parlais de Léon Deutchmann et je trouve que ses compositions font vraiment penser au style de Laurent Boutonnat. Le tout donne des collaborations intéressantes. Mais pour moi, les choses sont très claires…Le meilleur de la carrière de Mylène, ce sont les années du duo Farmer/Boutonnat.
Beaucoup de fake-news circulent sur Internet y compris lorsque Mylène reste silencieuse. Une partie de la presse adhère à ce phénomène. Comment expliques-tu cette frénésie ?
C’est malheureusement une caractéristique de notre époque. Cette frénésie du jugement hâtif, du « vouloir davantage et de suite », de l’attaque gratuite et anonyme. Internet est un outil formidable mais qui peut être destructeur. Mylène est d’une discrétion absolue sur sa vie. Cela a toujours été sa ligne de conduite. Elle revient dans la lumière de temps à autre. Parfois, il fallait attendre 4/5 ans avant de voir un nouveau projet du duo. J’ai le sentiment que ce temps d’absence était compris, respecté et accepté par les fans. Je considère que les artistes donnent énormément d’eux à travers leur travail. Le reste est, et doit rester de l’ordre du privé.
L’artiste snobe volontiers les réseaux sociaux. Elle ne possède aucun compte authentifié, ce qui ne l’empêche pas de s’informer sur le monde des fans. Des sites web et autres pages spécialisés sont légion. Rappelons que ces publications restent non-officielles. Les consultes-tu régulièrement ?
Oui ça m’arrive, il y a souvent un travail de qualité sur ces sites, ces pages mais aussi un aspect communautaire qui prend parfois l’ascendant sur l’aspect purement informatif. On a le droit au meilleur comme au pire. J’admire le travail des modérateurs qui doivent mesurer ou dégager les propos de certains fans, un peu trop…extrêmes. Je suis très peu présent sur les réseaux sociaux. Je vais l’être de moins en moins je pense.
Les fans spéculent sur la fin de carrière de Mylène depuis environ l’année 2006. Cette inquiétude se base sur une ambiguïté à chaque final de concert et au silence radio qui suit. On a pu le voir encore avec le final de l’Horloge en 2019. Crois-tu que l’artiste joue de cette attente afin de conserver l’amour du public ?
Non, pour moi c’est juste impensable. Je crois qu’elle a réellement cette peur de ne plus revivre ces émotions qui sont les siennes. On ne sait jamais ce que nous réserve la vie. Cependant, pour être complétement sincère, ce dernier final sur « L’Horloge » m’a laissé très perplexe. J’ai assisté à la première date et le choix de cette chanson a provoqué beaucoup de stupeur dans le public. 30 ans après ses premiers concerts, cela pouvait nous dire que la boucle était bouclée.
Mylène remontera sur scène en 2023, en espérant bien sûr que la crise Covid-19, encore en cours, ne nous amène pas plus de restrictions. Qu’as-tu pensé des concerts 2019 à Paris-la-Défense Arena ?
Mylène Farmer et Laurent Boutonnat proposent des spectacles incroyables depuis plus de trente ans. Les limites techniques sont toujours repoussées. On se demande à chaque fois « Que vont-ils faire pour nous épater, nous surprendre ? ». Quand on voit le résultat, on se pince pour y croire ! C’est pour eux d’abord un défi qui se termine toujours en triomphe public et critique. J’ai vu pratiquement tous les spectacles et je dois dire que pour le dernier en date, j’ai été très, très impressionné par la scène d’ouverture et le final. Mis à part « L’Horloge » qui était une vraie surprise, les titres choisis forment quand même une sorte de « best-of ». On ne peut jamais satisfaire tout le monde et cela devient très difficile pour le duo de choisir les titres qui formeront la « setlist ».
En tant que fan, quelle est ta vision de la réussite, du succès de Mylène ?
Elle fait partie de ces rares artistes transgénérationnels toujours en activité en France. Johnny l’était, Jean-Jacques Goldman l’est toujours malgré sa retraite. Aujourd’hui, à part Mylène, je ne vois qu’Indochine et Patrick Bruel. Il y a sans doute d’autres exemples, mais ils ne sont pas si nombreux.
Il y a déjà de nombreux livres sur Mylène. Tu en as écris deux. Ton dernier ouvrage s’intitule « Mylène Farmer, une voix dans la nuit » (éditions Camion Blanc). Comment te démarques-tu des autres auteurs ?
Ce n’est vraiment pas à moi de répondre à cette question. Mais j’ai essayé de donner à mon livre, un style, son identité propre.
Le livre est particulièrement bien référencé avec de belles photos en couleurs. Comment as-tu travaillé pour obtenir les informations, si ce n’est pas indiscret ?
C’est le fruit d’un très, très long travail.
Le big boss de Camion Blanc, une maison spécialisé dans les ouvrages pop-rock, a accepté de t’éditer. Il t’a même réservé un très bon accueil. Comment l’as-tu convaincu, si tu as eu besoin de le convaincre ?
Je pense que c’est à eux de répondre aussi à cette question. Ce qui est certain, c’est que d’être signé chez Camion Blanc est une joie immense pour moi, une fierté.
Il n’a pas eu de « modus operandi » strict. J’ai toujours des carnets de notes sur moi
Quel est ton « modus operandi » d’écriture, ton rythme de travail : le matin, le soir, combien de temps… ?
Il n’a pas eu de « modus operandi » strict. J’ai toujours des carnets de notes sur moi. Et le livre a été écrit à divers endroits. Sur une plage, sur le coin d’une table d’un café et chez moi bien évidemment. Parfois cela pouvait durer une heure, ou beaucoup plus. C’était souvent le jour, parfois la nuit.
Est-ce que ton dernier ouvrage a tout dit sur Mylène Farmer ?
Non, pas du tout. Cela serait vraiment faux, prétentieux de dire que mon livre dit tout de Mylène Farmer. J’ai voulu un livre à la fois objectif, informatif, qui puisse plaire aux fans comme aux non-fans. Des personnes parlent d’« Une Voix Dans La Nuit » comme une « encyclopédie » sur Mylène Farmer ou de « livre définitif ». Ce sont des compliments qui me vont droit au cœur mais est-ce vrai ? C’est aux lecteurs de le dire. C’est le fruit d’un long travail et très respectueux vis-à-vis de Mylène.
As-tu l’intention de sortir une nouvelle version, ou bien un autre livre ?
Oui et oui.
Que souhaites-tu dire aux femmes et aux hommes qui liront cet entretien ?
Mes amitiés et tous mes vœux de santé pour 2022., malgré cette pandémie qui n’est pas tout à fait terminée.
Merci beaucoup Olivier.
La dernière biographie d'Olivier Houriez, Mylène Farmer, une voix dans la nuit se lit un peu comme un roman, c'est une invitation au voyage. Quant à nous, nous vous invitons à découvrir ce beau livre sans plus attendre :
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